Ne te fie a personne T2 by Vincent Villeminot

Ne te fie a personne T2 by Vincent Villeminot

Auteur:Vincent Villeminot [Villeminot, Vincent]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2017-04-03T22:00:00+00:00


*

Elle alluma son appart’, vit le bordel dont elle ne prenait pas conscience en général : les fringues sales, T-shirt et sous-vêtements jetés sur le sol, le reste du dîner de la veille – pâtes instantanées, chocolat périmé – posé sur la table basse, à côté de l’ordi.

— Excuse, je ne savais pas que j’aurais de la visite… Assieds-toi où tu peux…

Le gamin restait au milieu de la pièce, à se dandiner d’un pied sur l’autre. Elle ouvrit une fenêtre pour que son intérieur sente moins le renfermé, ramassa deux ou trois trucs.

— Assieds-toi, je te dis… Tu veux une bière ?

— Non merci.

— Un lait-grenadine, alors ? dit-elle ironiquement.

— Va pour une bière.

Elle alla se servir dans le frigo de la cuisine, presque vide.

— Je te préviens, je n’invite pas à dîner, lança-t-elle. C’est la dèche…

Elle revint, posa les deux boîtes de bière sur la table basse, deux verres, s’assit en tailleur dans un des fauteuils clubs. Il finit par s’installer dans l’autre, le dos raide, la table basse entre eux. Il avait l’air tendu, mais pas effrayé – il devait avoir préparé un petit discours, et maintenant, il attendait juste de pouvoir le placer comme il l’avait prémédité.

— OK. Tu vas me raconter tout ça… Mais d’abord, éclaire-moi… Comment tu as eu mon adresse ? Ta copine l’a volée ?

— Non. Elle ne sait pas que je suis là. Je vous ai suivie, hier, quand vous êtes sortie de la Brigade.

— Suivie ? Pourquoi tu n’es pas monté, hier ?

— Il était tard… Je me suis dit que…

Il était déstabilisé, ne savait pas ce qu’il convenait de répondre.

— OK. On verra ça après… Vas-y, explique-moi… Pourquoi tu viens chez moi ?

Il inspira, se lança. Il était amoureux de Fleur, qui était amoureuse aussi. Mais elle n’osait pas l’avouer à son père.

— Ça, j’étais au courant…

Et maintenant, avec ce qui était arrivé à la petite sœur, ils ne parvenaient plus à se voir. Et la maison était surveillée. Enfin, peut-être, il n’était pas sûr – Fleur disait que le barbu qu’il avait vu en bas de chez elle n’était pas un flic de la Brigade ; mais pour lui, il semblait qu’il surveillait l’entrée.

— Fleur a raison… Il n’y a pas de barbu chez nous. Mais c’est peut-être un pote de Markowicz que je ne connais pas…

— Moi, je pense que le plus simple est de tout lui dire, répondit-il en secouant la tête, comme s’il n’entendait pas. Lui expliquer… On ne fait rien de mal, on est amoureux. Un père peut comprendre ça, non ?

— Je ne suis pas très bien placée pour te répondre. Un père, je n’en ai pas eu… Pas vraiment…

— Moi non plus. Mais pour le commissaire, vous en pensez quoi ?

— Attends…

Elle se leva à demi, prit la bière, remplit son verre.

— D’abord, pourquoi tu me demandes mon avis ? En quoi ça me regarde ?

— Ben vous m’avez vu monter au balcon, à Rennes… Et quand je suis venu vous demander où je pouvais retrouver Fleur… Les deux fois, vous m’avez… vous nous avez couverts.



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